Incendie à Vevey: des flammes, des larmes et beaucoup de questions

La toiture du collège primaire des Crosets est partie en fumée lundi en milieu de journée. Les enfants sont sains et saufs.

Il était passé 11 h 30 lorsque de hautes gerbes de flammes et des panaches de fumée se sont élevés sur le toit du collège des Crosets à Vevey. Presque simultanément, les standards des numéros d’urgence 117 et 118 se sont mis à crépiter d’appels en provenance de ce quartier dense et populaire de la ville, ainsi que de plusieurs communes avoisinantes surplombant la Veveyse, d’où ce spectacle alarmant pouvait être observé.

«Les flammes étaient vraiment impressionnantes, relate une voisine. Mais c’était encore plus impressionnant de voir sortir ces grappes de mômes dans un calme et une discipline rares…»

Ce collège primaire où évoluent 260 enfants des niveaux 1 à 6 HarmoS (quatre à dix ans environ) était quasi plein lorsque l’incendie s’est déclaré. Une élève participant à un cours de cuisine rapporte que son groupe a d’abord été alerté par l’odeur: «On a pensé que quelque chose avait brûlé et on a commencé par contrôler les fours. Puis quelqu’un a regardé par la fenêtre et on a vu qu’il y avait le feu sur le toit. Ensuite l’alarme a sonné et nous avons tout laissé pour sortir.»

Plus secouée a posteriori que sur le moment, une enseignante relate: «Nous avions justement reçu la formation d’évacuation lundi dernier! Nous avons laissé nos affaires en plan et regroupé les élèves pour sortir du bâtiment. Tout s’est passé dans le calme. Une fois à l’extérieur nous avons rassemblé les élèves dans la cour du collège de Plan (ndlr. quelques mètres en contrebas). Il a fallu les rassurer et les réconforter. Nous avions ordre de ne les lâcher qu’une fois pris en charge par un parent.»

«Beaucoup d’enfants pleuraient, témoigne Charlotte, 12 ans. C’était très stressant et on ne sait pas si on pourra récupérer nos affaires.» Aucun blessé n’est à déplorer et personne n’a été incommodé. La ville et la direction des écoles ont tout de même activé une cellule de soutien psychologique qui pourra intervenir sur demande.

En début d’après-midi, élèves, enseignants et parents étaient nombreux à se masser derrière les rubalises déployées à travers le quartier par les secours. Qui pour connaître l’étendue des dégâts, qui pour savoir comment récupérer ses affaires. qui pour s’enquérir des prochains jours d’école de son enfant.

Menée par le SDIS Riviera, avec des renforts venus de Lausanne, l’intervention des pompiers a duré tout l’après-midi. Après extinction des flammes, plusieurs foyers résiduels ont dû être maîtrisés puis surveillés jusque dans la nuit, à coup de rondes et de caméras thermiques.

Alarme défectueuse?

Parmi les questions qui s’ouvrent après ce sinistre, l’alarme du collège fait l’objet d’inquiétudes: «Elle n’a pas retenti automatiquement, se révolte un papa, Youssef Ouadia. Des passants ont alerté une maîtresse et elle a dû l’actionner manuellement! Ce bâtiment n’est-il plus aux normes?»

«C’est bien une enseignante qui a déclenché l’alarme, confirme le municipal des écoles Lionel Girardin. Mais il n’y a là rien d’anormal. C’est comme lors de n’importe quel sinistre: lorsqu’un feu se déclare, il y a de fortes chances pour que quelqu’un déclenche l’alarme avant que la fumée n’atteigne les détecteurs. Cela ne remet pas en cause le dispositif sécuritaire.»

Les suppositions vont bon train quant à l’origine du feu. Les panneaux solaires dont une bonne partie du toit était couverte depuis plusieurs années sont-ils en cause? Étaient-ils de mauvaise qualité, comme le soupçonnent des internautes sur les réseaux sociaux? Une seule certitude, «le feu a pris au niveau du toit», confirme l’adjudant Florence Maillard, en charge de la presse pour la police cantonale vaudoise. «Les questions sont légitimes. Mais juger sans connaître, c’est créer une polémique complètement stérile et qui ne sert à rien dans ce genre de situation», se fâche quant à lui Lionel Girardin, qui s’en remet à l’enquête en cours, menée par des spécialistes du groupe incendie et de la brigade de la police scientifique.

Lourds dommages

La priorité du municipal des écoles va à la scolarité des petits sinistrés et à la remise en état du bâtiment. «Un tiers des classes est abîmé, à des degrés divers. Autre gros problème, de l’eau est arrivée dans les parties techniques, notamment les installations électriques. Ce sera à régler en priorité, avec la mise au sec du bâtiment qui n’a presque plus de toit.»

Impossible à ce stade de dire si une partie du collège pourra à nouveau être utilisée prochainement. «Toutes sortes d’options restent ouvertes dans l’attente de toutes les données», conclut l’élu. La Direction des écoles a mis les élèves des Crosets en congé mardi et mercredi matin et propose une prise en charge alternative en cas de besoin.

Source: 24heures.ch